J. Krishnamurti disait « nous sommes nos peurs. ».
Aucune erreur de syntaxe ici, non, nous n’avons pas peur, nous sommes. Mais la peur se possède-t-elle ? Si il s’agissait d’une possession, cela signifierait qu’on l’aura toujours sur nous, non ? Pire, qu’il suffirait de la donner à un autre pour s’en débarrasser ?
Nous sommes nos peurs car elles dépendent de nous, de notre expérience, de notre passé. Nous craignons qu’un événement ne se (re)produise en fonction de notre expérience passée. Notre expérience en tant qu’individu et notre passé en tant que peuple, en tant que groupe, en tant que communauté. Lorsque nous craignons les conséquences de cette pandémie, nous n’avons de cesse de la comparer. Sera-t-elle pire que la grippe espagnole ? La récession économique sera-t-elle pire que celle de 1929 ? Nous n’avons de cesse de comparer notre présent au passé. Notez d’ailleurs que nous ne comparons pas véritablement notre présent mais plutôt notre avenir. En cela jamais le présent n’a sa place, jamais l’instant n’a d’importance.
Nous sommes nos peurs
J. Krishnamurti
Nous sommes inquiets du « plus jamais ça » et du « et si ». Et pourtant, même en étant en plein cœur d’une période, sans doute, historique, voyez à quel point notre planète est belle. Notez par ailleurs que, là encore, je parle de notre planète comme si elle nous appartenait. Quelle arrogance d’envisager qu’un système si complexe puisse nous appartenir quand quelque chose d’aussi petit qu’un virus est capable de nous mettre dans un état de totale panique. Depuis que nous avons pris un peu de recul (physiquement au moins) sur elle, cette planète semble reprendre vie; n’étions-nous pas nous-mêmes le virus ?
Lorsque je regarde par la fenêtre, je retrouve petit à petit le paysage de mon enfance, celui d’un printemps bourgeonnant, plein de vie, ensoleillé. De mon jardin, je vois en arrière-plan le ciel surplombant la ville, habituellement vêtu d’un filtre sombre, redevenu aujourd’hui parfaitement invisible. La nature reprend ses droits.
Et nous humains ? Alors que toutes les conditions sont réunies pour nous séparer, nous n’avons jamais été aussi proches les uns des autres. Certains allant jusqu’à mettre en danger leurs propres vie pour sauver la nôtre et pour que le commun ne manque de rien.
Alors, vois-tu avec quelle facilité nos craintes d’hier deviennent des futilités aujourd’hui ? Je souhaite que cette expérience que nous partageons, non pas ne devienne une peur à l’avenir, mais nous permettent à tous de savoir ce qui importe. J’aime ces clins d’œil de la vie, le fait que cette crise arrive au moment où l’humanité montre le plus ses mauvais penchants : des guerres d’égos, d’argent, de pouvoir. Aujourd’hui plus que jamais, nous prenons conscience de l’inutilité de tout cela, pire de sa dangerosité, pour la planète, pour nous.
Nous sommes nos peurs, car c’est nous qui les alimentons. Mais nous sommes également nos joies. Ce n’est pas de Krishnamurti, c’est de moi.
– Stephan